Comment je suis sortie de mon vaginisme* en 5 étapes (la troisième va vous surprendre)

Je ne sais pas trop comment je définirais ma vie sexuelle à l’époque. Satisfaisante, enthousiasmante, avec des ratés dont je riais. J’étais une fille très normale. Jusqu’à ce qu'un problème gynécologique m’oblige à subir une légère intervention chirurgicale. Tellement légère que ma vie sexuelle va basculer. 

Suite à cette opération, mon corps ne se rétablira jamais complètement, chaque pénétration deviendra douloureuse, au cinéma je ne m’identifierai plus aux femmes hurlant de plaisir mais aux cowboys mordant dans un bout de bois. Au début je mets ça sur le compte du temps de cicatrisation mais les médecins écartent cette piste et me disent que je vais - médicalement - bien.

Mais alors pourquoi j’ai mal lors des rapports ? Pourquoi ça me brûle ? Pourquoi je suis contractée ? Et la douleur ne vient jamais seule, elle vient en bande organisée, avec la colère, la frustration, la déprime et la peur… d’avoir perdu sa vie d’avant. Les mois passent sans aucune amélioration, je ne comprends pas, mon copain non plus. La patience laisse place à la frustration. Alors ma quête de guérison va commencer. 

 

QUÊTE N°1 : Gynécologues.

Vous remarquerez qu’ils sont au pluriel, il m’a évidemment fallu plusieurs rendez-vous avec différents professionnels pour obtenir divers diagnostics. Parfois on me voit une inflammation, on me prescrit des crèmes qui soulagent partiellement mais ne solutionnent rien. Souvent on ne me voit rien. Mais on me conseille d’aller consulter d’autres spécialistes, j’aime quand les médecins font ça, ils ne vous laissent pas seule dans la nature, ils vous donnent une carte et une boussole, et à mon stade, je suis preneuse de tout.

 

QUÊTE N°2 : Kiné uro-gynécologique.

Je vais suivre plusieurs séances de ré-éducation périnéale. À force d’avoir mal, forcément je me contracte lors des rapports, ce qui n’arrange pas mon cas. Les séances consistent à détendre mes muscles internes, mais ce qui m’aura le plus aidé, c’est l’histoire que m’a confiée la kiné “j’ai eu des problèmes dentaires, à force de souffrir lors de mes consultations chez le dentiste, un jour ma mâchoire s’est bloquée, j’ai dû me nourrir à la paille durant des semaines. Mon cerveau avait assimilé le fait que j’ouvre la bouche à une douleur.” Cette histoire résonne en moi même si je ne suis pas sûre d’être concernée. Impossible que mon cerveau puisse créer tout ce qu’il m’arrive, je n’ai même pas un Bac +5. Pourtant, ce témoignage me pousse à explorer une nouvelle piste.

 

QUÊTE N°3 : Hypnose.

Bon alors si physiquement je n’ai “rien”, peut-être qu’il faudrait aller parler à mon inconscient. Moi je m’attendais à regarder un pendule, à être coupée en deux dans une boite, ah non je confonds avec les magiciens. Je me retrouve nez à nez avec un homme qui me dit de fermer les yeux, de visualiser des choses, de lever les bras, puis les mains, de nettoyer virtuellement je ne sais quoi, de parler à mon inconscient et à voix haute. Je me sens ridicule, si c’est filmé j’espère que j’amuse cette caméra cachée. Puis il me dit “je ne vais pas vous hypnotiser”. Mais donc je fais quoi depuis tout à l’heure ?! Je ressors énervée. Mais… Il aura réussi à m’extirper les mots “je me protège”. Encore une fois, cette notion que, peut-être mon corps croit bien faire en réagissant de la sorte, remonte à la surface.

 

QUÊTE N°4 : Psy.

Les mois passent, se transforment en année. Ma situation n’a pas évolué. Mon couple se délite. Inconsciemment je provoque des conflits à chaque fois que nous nous mettons au lit, pour ne plus être dans la position de celle qui refuse les avances. À l’époque les préliminaires n’étaient pas au même rang que la pénétration, je sentais bien que ça ne suffisait jamais. Voir une psy a été d’un grand soutien, tant dans la compassion de ma situation que dans la recherche de solutions. Et elle m’a suggéré de m’acheter un sextoy afin d’avoir le contrôle sur la pénétration, de choisir le moment et de gérer l’intensité. Je me rends donc pour la première fois de ma vie dans un sexshop, copine sous le bras. Le choix ne manque pas. Je décide de partir sur une taille normale. Une fois chez moi, au chaud sous la couette, je m’essaie à mon nouveau jouet. Grosse déception, la pénétration est toujours aussi douloureuse. Je désespère.

 

QUÊTE N°5 : Victoire.

Mon couple est mort, nous nous séparons. Je ne drague pas, je n’ai pas le courage d’être nue ou de me mettre à nu face à un inconnu. Je ne sais plus quoi faire. Mes amies ne réalisent pas l’ampleur de ma situation, j’ose à peine en parler. Mais pour la première fois, je me confie à ma mère, je lui raconte tous les spécialistes que j’ai vu, et les mots du dernier médecin “le corps a la mémoire de la douleur” dont je ne sais que faire. Peu de temps après, elle découvre un article sur l’EMDR. Cette thérapie qui pourrait s’apparenter à de l’hypnose, rendue célèbre sur d’anciens combattants pour les aider à vivre avec leurs traumatismes. Je n’en avais jamais entendu parlé. Je prends rendez-vous, une thérapeute rue de la Victoire, ça tombe bien, j’ai besoin d’une victoire. Je commence la séance en la mettant de suite très à l’aise “vous êtes mon dernier espoir”. La pression, elle la boit. Nous commençons le travail ensemble, petit casque sur mes oreilles, petites machines dans les mains. Et pendant que je me remémore tout, un son et une vibration viennent stimuler mon côté droit puis gauche et ainsi de suite. Au bout de quelques séances, je sens que je vais mieux, que certains sujets sont apaisés, je le sens même dans mon corps. Alors un soir, je dépoussière la boite et je ressors mon sextoy. Moment de vérité…. OUI ! Pour la première fois depuis 3 ans (oui cette quête a été longue, le Seigneur des Anneaux à côté, c’est rien) la douleur a disparu. 

 

Quelques temps après, une vraie rencontre confirmera ma guérison. À moi la vie sexuelle satisfaisante, enthousiasmante, avec des ratés dont je peux rire. J’étais redevenue cette fille normale. Enfin. 

 

* Le vaginisme est un trouble sexuel qui rend la pénétration totalement impossible et qui concerne 1% des femmes en France. Le vaginisme correspond à la contraction involontaire et inconsciente des muscles du périnée qui empêche toute pénétration lors d'un rapport sexuel.

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